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Tour de France des plus grands parcs d'attraction La suite

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Les Voivres
Photo / Vie locale
13 nov. 2017 Par jeannot88 Réagir
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Fusillés pour l'exemple

(photo tirée de "Les Sentiers de la Gloire" - Stanley Kubrick 1957)

Contrairement à ce que certains, voire beaucoup, pensent, les grandes mutineries de 1917 n'ont pas conduit à plus de "fusillés pour l'exemple", au contraire et c'est tant mieux même si le nombre en est toujours trop élevé : « L'essentiel des exécutions va avoir lieu au début de la guerre : 206 d'août à décembre 1914, 296 en 1915, 136 en 1916, 89 en 1917, 14 en 1918. » C'est un peu pourquoi je m'autorise, dans cette page relatant surtout le 11 Novembre à La Flèche, une digression à propos de cette tragédie qui n'a pas de fin.
La réalité est que ce sont essentiellement - à de rares exceptions près - les "sans grade" et les petits gradés qui ont payé de leur vie l'incompétence des chefs civils et militaires... comme souvent.
► Le texte ci-dessous montre bien la difficulté d traiter ce problème et nul doute que les controverses vont encore "s'écharper" durablement.
- Entre 600 et 650 soldats français ont été passés par les armes durant les quatre années du conflit. Beaucoup de ces condamnations étaient sans commune mesure avec les fautes commises. Beaucoup de ces hommes ont été réhabilités, dès les années 20.
La peine capitale. Voilà ce que prévoyait, en 1914, le code militaire pour un certain nombre de comportements : abandon de poste en présence de l'ennemi, refus d'obéissance, voie de faits sur supérieur, révolte… On le voit : tout peut-être affaire d'interprétation. Avec la mort au bout des mots.
Entre les balles ennemies, le déluge de feu des bombardements, la confusion des assauts, les gaz, les fumées, les morts, bien des soldats se retrouvaient totalement désorientés, stupéfiés, pétrifiés, perdus… Étaient-ils de bons soldats anéantis par la violence du choc ? Ou des lâches fuyant le combat ? Les réponses ont été diverses, parfois injustes…
«Les fusillés pour l'exemple ne sont pas seulement le fait des militaires, mais aussi des politiques», rappelle Antoine Prost, professeur d'histoire, à qui le ministre des Anciens combattants, Kader Arif, a demandé un rapport sur «Quelle mémoire pour les fusillés de 14-18».
«Le législateur prévoit des conseils de guerre réduits, avec seulement trois juges, une volonté accusatoire, la suppression des garanties de défense… Et puis en 1914, la France bat en retraite. Les Allemands sont à 30 km de Paris. Joffre est obligé de prendre des mesures désespérées : « Les fuyards doivent être recherchés et passés par les armes. » L'instruction est bâclée, il n'y a pas de procédure d'appel, cela s'apparente à des exécutions sommaires.»
L'essentiel des exécutions va avoir lieu au tout début de la guerre. 206 d'août à décembre 1914, 296 pour toute l'année 1915, 136 en 1916, 89 en 1917, 14 en 1918. Beaucoup sont parfaitement injustes, comme les fusillés de Vingré, six militaires exécutés le 4 décembre 1914. Ceux-là ont été tirés au sort parmi ceux ayant reculé devant une attaque allemande. Le malheur, c'est qu'ils avaient en fait obéi à un ordre de repli.
«Les militaires vont se rendre compte que les exécutions n'ont pas l'effet recherché. Les hommes du rang estiment que les balles françaises ne sont pas destinées aux Français, mais aux Allemands. Le rituel des exécutions, le défilé des condamnés devant leurs camarades, tout cela plombe le moral des troupes. Les condamnations vont se ralentir. Et à partir de 1916, les députés vont changer la loi, et donner la possibilité d'une révision. Il pourra y avoir un recours en grâce devant le Président de la République.» explique Antoine Prost.
Du reste, pendant les grandes mutineries qui vont voir près de 40 000 à 80 000 soldats se rebeller, on ne comptera «que» 30 exécutions capitales.
«Dès la fin de la guerre, des associations d'anciens combattants ont demandé la réhabilitation pour des soldats fusillés pour l'exemple, et une cinquantaine a été réhabilitée dans les années 20 et 30. Il est faux de dire que le sujet est tabou. Aujourd'hui, on compte d'ailleurs près de 200 noms de fusillés pour l'exemple non réhabilités sur les monuments aux morts français.»
- Le casse-tête de la réhabilitation
Faut-il réhabiliter les soldats fusillés pendant la Grande Guerre ?
«Réhabiliter est un acte juridique qui annule un jugement, indique Antoine Prost. La Ligue des Droits de l'Homme est pour une réhabilitation au cas par cas ; la Libre Pensée, pour la réhabilitation en bloc. Mais au cas par cas, ce n'est plus possible, car 20 % des dossiers ont disparu. Même quand on a le dossier, c'est difficile de se faire une idée 100 ans après. Quand à la réhabilitation en bloc, elle pose des problèmes aussi : parmi les condamnés, il y avait les auteurs de crimes de droit commun en temps de guerre : celui qui tue un camarade après une rixe dans un bistrot n'a pas à être réhabilité. Il y a aussi le problème des espions…»
Pour Antoine Prost, il y a eu tous les cas de figure. Et puis : «Bon nombre de conseils de guerre ont triché pour préserver la vie des hommes. Des officiers qui ont compris leurs hommes.»
Antoine Prost cite l'histoire du général Boutegourd, qui avait trouvé sept soldats perdus sur le champ de bataille de la Marne. Ils sont condamnés pour abandon de poste, sans enquête sérieuse et fusillés dès le lendemain. Mais leurs camarades, manifestement écœurés par cette décision, ne vont pas viser au cœur : un des soldats s'en sortira quasiment indemne, rejoindra sa compagnie et sera tué au combat neuf mois plus tard.
«Des cas comme ça, il y en a eu des centaines !», assure Antoine Prost. Mais il y avait aussi de vrais déserteurs, qui quittaient le champ de bataille, une fois, deux fois, quatre fois… Si on réhabilite ces déserteurs-là, alors le devoir de défense nationale n'existe pas.»
Le rapport remis au secrétaire d'Etat aux Anciens combattants Kader Arif par Antoine Prost sur ce sujet propose quatre pistes. Ne rien faire, car le temps est passé. Réhabiliter tout le monde en bloc ou réhabiliter au cas par cas, avec les problèmes évoqués plus haut. Ou opter pour une déclaration solennelle accompagnée de pédagogie. Comme dit le rapport, aucune n'est totalement satisfaisante…
("La Dépêche.fr" 16-08-2014)
► Une étude intéressante (© SCÉRÉN-CNDP, 2011)
http://www.cndp.fr/fileadmin/user_upload/POUR_MEMOIRE/fusilles/120106_PM-fusilles-grande-guerre.pdf
► Liste des « Fusillés pour l'exemple » (La Libre Pensée du Bas-Rhin)
http://lp67.dyndns.org/Ils-ont-ete-fusilles-pour-l-exemple
► Exemple de la "connerie" humaine (Pages 14-18 Forum°)
5 août 1915 : les gardes sacs CHEMIN et PILLET
[ A la 20e compagnie du 37e régiment d’infanterie coloniale, on s’était aperçu que les sacs laissés dans la tranchée pendant les attaques étaient régulièrement pillés, c’est pourquoi le commandant de compagnie avait décidé de nommer deux hommes dont la mission consistait à garder les sacs des soldats qui partaient à l’assaut. Comme c’était une « planque », on avait choisi des hommes ayant charge de famille, c’est ainsi que CHEMIN et PILLET avaient été désignés.
Dans la nuit du 22 au 23 juin 1915, alors que leurs camarades montent à l’attaque dans la région du Ban de Sapt, CHEMIN et PILLET prennent leur faction auprès des sacs.
La consigne est formelle, quels que fussent les bombardements, en aucun cas ils ne devaient s’éloigner des sacs.
Or ce jour là, la 20e compagnie venait de « toucher » un nouveau commandant, lequel ignorait complètement la consigne donnée par son prédécesseur aux gardes sacs.
Le lendemain de l’attaque, on procède à l’appel afin d’établir l’état des pertes. Evidement CHEMIN et PILLET ne peuvent répondrent à l’appel de leur nom puis qu’ils sont restés à l’arrière.
Comme ils ne figurent ni parmi les morts ni parmi les blessés, ils sont portés « disparus au combat ».
Trois heures plus tard, le capitaine apprend que les deux « disparus » ont été retrouvés prés des sacs. Il les convoque, les engueule, écoute leurs explications, ne leur met aucune punition, mais il fait un rapport expliquant à ses supérieurs comment il a retrouvé les deux soldats portés manquant.
Ce n’est qu’un mois plus tard, alors qu’ils remontent au front, que les deux soldats apprennent qu’une information a été ouverte contre eux à la suite d’une plainte déposée par le colonel du régiment.
Le 4 août 1915, après une instruction rapide, ils sont présentés au conseil de guerre et inculpés d’abandon de poste devant l’ennemi. Au cours de la séance, l’accusation fait état de prétendus aveux verbaux et écrits des condamnés dans lesquels ils reconnaissent s’être enfuis et réfugiés à l’endroit où se trouvaient les sacs. Or les deux hommes étaient totalement illettrés…
« Comment auraient ils pu rédiger leurs déclarations sans faire de fautes d’orthographe ? » demande leur défenseur aux juges.
Pour le conseil, cela n’a aucune importance : les juges ne retiennent que les témoignages obtenus par la persuasion, auprès de soldats n’osant pas contredire leurs supérieurs. Par contre, on ne tient aucun compte des témoins qui veulent déposer pour affirmer que CHEMIN et PILLET avaient bien été désignés pour garder les sacs et qu’ils n’avaient fait qu’obéir à la consigne.
Le 4 août 1915, à 19 heures, les deux hommes sont condamnés à mort par la cour martiale.
G. REAU a recueilli le témoignage de l’abbé LEJOSNE, aumônier qui a accompagné les deux gardes sacs jusqu’au poteau d’exécution.
« C’est moi, dit il, qui fus chargé d’apprendre à CHEMIN et PILLET la sentence prononcée par le conseil de guerre. L’exécution devait avoir lieu à 10h 30 du matin. Les deux soldats ne s’étaient pas rendu compte de la gravité des faits qui leur étaient reprochés. Ils ne voulurent pas croire qu’ils allaient être passés par les armes. Quand ils comprirent qu’ils devaient abandonner toute espérance, ils entrèrent dans une crise d’angoisse. CHEMIN, qui était originaire de Tullier (Charente Inférieure), montrait la photographie de ses cinq enfants. Il embrassait leur image en disant : « Est-ce possible ? Dire que je ne les reverrai plus ! Et pourtant je n’avais pas voulu fuir…On ne sait donc pas ce que c’est que d’être couvert de terre par un obus ? »
« L’autre condamné, le soldat PILLET, qui était célibataire, me demanda de faire parvenir quelques souvenirs à sa vieille mère ».
« Devant le poteau d’exécution, CHEMIN, s’adressa aux douze hommes du peloton et leur cria « Mes amis, je suis père de famille, vous n’allez pas me tuer ! » Attaché au poteau, CHEMIN hurlait « Grâce mon colonel, grâce pour mes enfants ! » La sentence ne put être lue complètement, car la révolte grondait dans les rangs des soldats. Craignant une mutinerie, le colonel donna l’ordre à l’adjudant qui commandait le peloton d’ouvrir le feu. »
Le 5 août 1915 PILLET et CHEMIN tombaient sous la salve à 10h40. On avait mis plus d’un mois pour les inculper et moins d’un jour pour les juger et les tuer.
Ils ont été réhabilités le 17 février 1934. ]

jeannot88

L'auteur jeannot88 est l'auteur de cette photo de Les Voivres (Vosges) publiée dans la catégorie Vie locale.

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