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La Boule de Fort
- La boule : « qui n'est même pas ronde sur un sol qui n'est même pas plat ». En bois, cormier, frêne, noyer, parfois en buis, aujourd'hui en plastique, elle est cerclée de fer (que l'on polit) avec un côté faible légèrement évidé en son centre et un côté "fort" chargé souvent d'une petite masse de plomb. D'un diamètre de 12,5 à 13 centimètres, son poids varie de 1290 à 1500 grammes pour une épaisseur de 10 centimètres. Une marque personnelle y est souvent gravée.
- Le jeu : longtemps constitué de terre battue et en plein air, il se dégradait rapidement. Les jeux sont, aujourd’hui, pratiquement tous plastifiés, plus courts (21,50 à 24 mètres) et quasiment tous couverts.
- Les joueurs : couvreur, rouleur ou tireur, chacun doit faire preuve d'une grande virtuosité pour s'approcher le plus possible du maître.
- Les parties : les équipes sont constituées selon divers usages et, aujourd'hui, autorisées entre joueurs de sociétés différentes, en principe à trois contre trois avec deux boules. Après le coup d'envoi des couvreurs, c'est l'équipe la moins bien placée qui continue à jouer jusqu'à marquer un point. Si besoin est, on peut éventuellement "bauger" pour mesurer exactement les écarts entre le maître et les boules litigieuses. La partie se dispute généralement en 11 points, voire 13 pour une finale de challenge. Après chaque coup, la partie continue en repartant dans l'autre sens. Selon un journaliste cité par Jacques Sigot, une partie de boules « c'est sérieux comme un drame, coloré comme une comédie, grandiose comme une épopée ».
- Histoire : si la légende du jeu inventé par des mariniers, celle de prisonniers espagnols employés à la construction des levées de Loire ou encore l'origine du terrain incurvé inscrite dans la forme des douves de châteaux restent peu plausibles, il semble bien que l'origine angevine de la boule de fort soit certaine, malgré la paternité revendiquée par des Nordistes.
Le cercle métallique serait apparu vers 1845. Obligatoires ou parfois interdites, les boules ferrées - pour éviter qu'elles ne se fendent ou pour résister aux tirs - par des forgerons ou fabriquées par des tourneurs sur bois, sont de taille variable et l'expression boule de fort apparaît en 1865.
On trouve terrains incurvés et boules de fort aussi dans le Nord sans pouvoir dire véritablement qui, du Nord ou de l’Ouest, aurait inventé le jeu. La construction de jeux couverts commence sous le Second Empire et la "Fédération des joueurs de boule de fort de l'Ouest" voit le jour en 1907.
- Les Sociétés : la première aurait été crée en 1729. Ce sont des endroits, autres que le café, où l'on se réunit entre amis qui savent se tenir en se pliant, au besoin, à des règlements sévères ! Ni discussions politiques et religieuses, ni jeux de hasard.
La cohésion, constatée tout particulièrement lors du décès d'un membre, suppose une fréquentation régulière.
Elles disposent de trois types de recettes : les mises d'entrées versées par les fondateurs et les nouveaux membres ainsi que les cotisations, les produits des amendes et le prix des parties, la vente des boissons (souvent motif de reproches).
Seuls les hommes pouvaient en faire partie. Pourtant la femme est présente, ne serait-ce que par la Fanny (voir photo) que d'aucuns devront aller "biser le cul" après n'avoir marqué aucun point, coutume malheureusement décriée par l’Église. On remarquera aussi fréquemment la présence d'une femme en tablier, appelée sans doute à des tâches ménagères ou/et de service.
Dans ces réunions d'hommes seuls, nombre d'expressions grivoises prendront une connotation à caractère sexuel, bientôt corrigée avec l'apparition des femmes et donc une modification sensible du langage.
Au cours des années, les Sociétés accepteront, en effet, les femmes. D'équipes mixtes tout d'abord, on passera à des équipes exclusivement féminines.
La diminution du nombre des Sociétés conduira à tenter d'attirer des jeunes, tout en parvenant à effacer une mauvaise réputation liée à la consommation d’alcool d'une part mais aussi à une supposée concurrence à la restauration locale d'autre part.(à suivre)