La Bataille de Dompaire

Après Contrexéville, première ville libérée (11 septembre 1944) du département des Vosges, la bataille de chars de Dompaire (12, 13 et 14 septembre 1944) restera dans l'Histoire.
On peut raisonnablement penser qu'à partir de cette victoire, Les Voivres auront été en mesure, les combats se déplaçant de plus en plus vers le Nord et l'Est, de s'estimer enfin délivrés de l'Occupation et hors du danger de possibles représailles. Cependant, en lisant la phrase suivante dans le résumé de la bataille de Dompaire : « L’après midi, des habitants signalent à Vittel un déplacement important de chars et d'infanterie de Bains-les- Bains vers Darney », on ne peut avoir, rétrospectivement, que quelques frayeurs - heureusement, finalement non fondées - pour nos Voivrais, pas si éloignés que cela (5 km) de ce qui était alors le chef-lieu de canton.

1944 Bataille de DOMPAIRE :

Le 12 septembre vers 16h arrive au village pour cantonner, la 112ème Panzerbrigade, forte de 90 chars de type Panther de 40 tonnes, chars les plus lourds et les plus modernes à cette époque. Ces chars se rangent aux abords des habitations, de même que des canons tractés anti-aériens et anti-chars. Les éléments d'infanterie arrivèrent à la tombée de la nuit pour se reposer dans les granges des fermes. D'importants dépôts d'obus étaient constitués aux environs de l'église. Au petit jour, le 13 septembre, les chars et l'infanterie se déployaient dans les champs en direction de DOMPAIRE. La veille, nous entendions les détonations lointaines, c'était la division Leclerc qui était accrochée aux environs de DARNEY. Le 13, dès 5 heures du matin, les premiers tirs de canons retentirent, c'était le début de la bataille, les Leclerc s'étant approchés de la zone VILLE/ILLON, DAMAS et BETTEGNEY, DOMPAIRE. Vers les 7 heures arrive l'aviation, une vingtaine de chasseurs lance rocket, dans une ronde infernale à basse altitude, virant au dessus du village pour prendre à revers les chars. 45 chars furent détruits et 19 immobilisés par l'aviation et les chars de Leclerc. Un immense nuage de fumée s'élevait de la zone des combats, un char était même venu se cacher au carrefour de FOMEREY, un avion le mitrailla, provoquant l'incendie de la ferme FEBVRE.
Le 14, vers 16 heures des collines de VlLLE/lLLON,l'artillerie de Leclerc déclencha un violent tir affectant la zone située entre le village et le bois dit du CHANOT compris. Nombreux étaient les impacts, il n'y a eu aucune victime parmi la population civile. Dans la nuit du 15 septembre, les Allemands se replièrent vers EPINAL, quelques jours plus tard, l'on cru à l'arrivée définitive des troupes de Leclerc. Venant de FOMEREY, deux destroyers, sorte de chars sur pneus, arrivèrent au carrefour de la poste. Un char allemand, posté au lieu-dit "le Pré des Lins" à UXEGNEY, tira quelques obus. Les Leclerc se replièrent vers DOMPAIRE par la D 166, qui avait été déminée quelque temps avant. Ce n'est qu'une semaine après que des éléments de la 7ème armée américaine nous libérèrent de toutes craintes.

NOTA: Le matin des combats de DOMPAIRE, les premiers soins aux blessés presque tous brulés par l'explosion des chars, étaient effectués dans les locaux scolaires.

ici : http://vferrer.free.fr/cartes/val47.htm

Résumé de la bataille :

Le 11, Minjonet (12 RCA . GTL) est arrêté au soir à St Remiremont(Saint-Etienne-de-Remiremont ?, ndr), Massu se trouve à Contrexeville qu'il libère. Le Groupe est passé entre la Division Ottenbacher qui tient Langres - Chaumont - Andelot, et la 16°DI qui tient Neuchateau - Mirecourt , et qui a son PC à Dompaire.
Le 12 au matin, le GTL abandonne l'attaque de St Remiremont (voir supra, ndr), déborde Vittel par Lignéville et lance Massu sur Dompaire qui l'aborde a la tombée de la nuit, mais ne peut pas le réduire. Minjonnet double au sud par Thuilleres et rejoint la route de Darney à Chatel.
L’après midi, des habitants signalent à Vittel un déplacement important de chars et d'infanterie de Bains les Bains vers Darney, Minjonnet fait prisonnier une équipe d'allemands occupée a flécher un itinéraire mais sans savoir pour qui ; mais placés où ils sont, ainsi que les hommes de Massu, ils entendent des bruits de nombreux chars.
Un groupe de reconnaissance va marquer Darney, Minjonnet attaque vers Damas, Massu vers Dompaire, et l'artillerie est "au plus près".
Dans Dompaire et Lamerey, 45 Panther tout neufs, avec infanterie et artillerie sont en train de se rassembler dans la nuit. Le peloton du Lt de Vaisseau Allongue du RBFM, après avoir bien repéré les lieux, repart au matin en direction de Damas et tombe par surprise sur 2 Panther accompagnés par de l'infanterie, ils en détruisent un, mais l'autre s'échappe puis revient. Ce peloton se déploie car sur lui repose tout le groupement, et fait feu de toutes ses pièces, l'ennemi hésite a se lancer vers l'avant, ce qui permet aux Sherman du 12° RCA d'arriver au combat.
Massu borde le sud, pousse son infanterie au centre vers Dompaire et écrase sous le feu de l"artillerie tout mouvement des Allemands.
A ce moment, le colonel Tower (DLO américain), avec son char équipé en radio, fait intervenir les Thunderbolt. Il est guidé a la voix par Massu et il guide (lui-même) les avions sur l'objectif. Pour échapper aux avions, les Panther se cachent entre et dans les bâtiments. Massu pousse alors l'infanterie et déborde le village, franchit la Gitte et place des chars à l'affut pendant que Minjonnet, qui a pu occuper Damas, prend à revers toute la rive gauche du vallon, ce qui fait que lorsque les avions sont partis, les Panther se heurtent aux blindés, cette fois bien placés en feu fixe.
L'aviation intervient 4 fois dans la journée et à chaque fois, le groupement pousse son avantage. Minjonnet, prenant le carrefour de la route d'Epinal, coupe la retraite des Allemands pendant que Massu avance pas à pas. Les Panther sont détruits les uns après les autres, jusqu’à ce que les derniers équipages, affolés, abandonnent leurs blindés pour fuir à pied. Bilan 30 à Dompaire, 13 à Damas.
Mais ce n'est pas fini, les Mark IV de la 112 Panzerbrigade qui se trouvent sur les arrières du groupement débouchent sur le PC de Langlade. L'artillerie et quelques destroyers les prennent à partie vers 16 heures et les avions sont à nouveau rameutés. Et les allemands laissent 7 blindés de plus sur le terrain.
En tout, dans ces trois villages de Damas, Dompaire et Villes sur Ilion, la 112 PZ a perdu 59 chars sur 90. Elle perdra encore une partie du reste à Lunéville et disparaitra des OB.
En un seul jour, 1/3 de la 5° armée blindée a été détruite, étouffant dans l’œuf la contre-attaque allemande à l'ouest de la Moselle.
Deux anecdotes :
- un pilote qui est sorti indemne d'un crash après avoir heurté un arbre après son piqué, fêté et arrosé à la popote, a demandé timidement qu'on le ramène à sa base ..... à Rennes !
- on prétend qu'après ce combat, Langlade a envoyé un message en clair au général allemand, réclamant d'urgence les Panther qui, d’après le tableau d'effectifs, "manquent à l'appel".

La 112è brigade allemande, à Dompaire, était constituée de :
1 bataillon de PzKpfw V (soit 45 chars type Panther)
1 bataillon de PzKpfw IV (soit 45 chars type Mark IV)
Une trentaine de canons en tout genre (obusier, canon AC de 75, canon AA de 88, …)
2 bataillons d’infanterie type Panzergrenadier (300/400 hommes par bataillon)
1 compagnie de reconnaissance.

Cette brigade venait juste d’être créée. Le matériel était neuf.
A ce propos, 4 chars abandonnés furent retrouvés le lendemain à Dompaire, en parfait état de marche. Un de ces chars se trouve actuellement au musée des blindés de Saumur.

- 60 chars allemands, environ, furent détruits pendant la bataille de Dompaire (qui durera globalement une trentaine d’heures)

- Le rapport des forces était largement en faveur des Allemands. Globalement 90 chars de meilleure qualité contre environ 60 chars du GTL de la 2ème DB. En effet, seul le groupement tactique du Colonel Langlade (GTL) fut engagé à Dompaire, soit un tiers de la 2° DB.

- L’appui de l’aviation américaine fut déterminant. Les Thunderbolt P47, dirigés par le colonel Tower ont été d’une précision diabolique.

- Lors de cette bataille, la 2° DB du général Leclerc a démontré son exceptionnelle qualité par rapport aux autres divisions alliées engagées sur le front Ouest.

(extrait d'un blog du Net)

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