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Les Voivres
Actualité / Message

Le Maquis de Grandrupt

03 août 2015 Par jeannot88 Réagir
Apparemment sans lien direct avec Les Voivres, je vais cependant tenter de rassembler, pour diverses raisons, la documentation sur cet épisode tragique :
- compléter l'article, déjà bien fourni, de Bernard Munier,
- faire ressortir, sans polémiquer, l'honneur (peut-être, voire sans doute) bafoué d'un homme,
- mettre à la disposition du lecteur, sur une même page, un certains nombre de liens parmi les plus importants, permettant une compréhension plus aisée, tout en lui évitant des recherches sur le Net,
- comme je l'ai déjà écrit (commentaire sur le site de ClioPhoto Jean NOEL - Mercredi 12 Mai 2010 11:33 : « Vosgien des Voivres expatrié en Sarthe, j'ai entendu parler du maquis de Grandrupt par mon père. Musicien à l'harmonie de Bains-les-Bains, il lui est arrivé de participer à des manifestations patriotiques en ce lieu du souvenir. Le devoir de mémoire perdure à travers ce beau monument : les morts le méritaient bien. », et pour avoir aussi participé - au moins une fois - au sein de la Balnéenne et donc avec mon père, à la traditionnelle commémoration de ces événements,
- continuer, autant que faire se peut, le Devoir de Mémoire que je préfère, tout en ne me prétendant pas historien, appeler Devoir d'Histoire.
► Ce monument a été érigé en l'honneur des maquisards vosgiens déportés et morts en Allemagne nazie.
Le 7 septembre 1944, après un combat inégal contre des forces allemandes qui détenaient en otages les habitants des villages de Grandrupt de Bains, Vioménil et Hennezel (700 personnes environ), les maquisards se rendent.
Les otages étaient les pères, mères, sœurs, femmes ou enfants des hommes du maquis.
L'attaque du maquis le 7 septembre 1944 fit 3 morts et 117 "prisonniers" dont 116 mourront dans les camps de concentration nazis.
On peut retrouver la liste des victimes sur le site :
http://monumentsmorts.univ-lille3.fr/monument/23354/grandruptdebains-rue/
La majorité a une vingtaine d'années.
► Le maquis de Grandrupt (WikiPédia)
Depuis la fin de l'année 1943, par contact de proche en proche, la Résistance avait créé une véritable organisation militaire.
Les hommes qui la constituaient avaient de 17 à 45 ans en général ; ils étaient souvent des réfractaires au STO ou avaient eu maille à partir avec ceux qu'ils appelaient « les doryphores ». Quelle que soit la raison évoquée, ils étaient tous des patriotes, nés dans des familles où la 1ère guerre mondiale avait laissé un souvenir amer. S'y ajoutaient de petits groupes constitués de longue date, à l'image des Scouts de Mirecourt.
L'organisation était du modèle sizaine (6 hommes), trentaine et centaine, une centaine étant constituée de 4 trentaines, soit environ 130 hommes si l'on tient compte de l'encadrement.
Tous ces hommes devaient se réunir par petits groupes en un lieu prévu de longue date dès réception d'un message émis par Radio Londres, message de pré-alerte à 13 heures et confirmation à 19 heures.
Le 27 août 1944, tous ces hommes entendent le message attendu : « L'impératrice a des cors aux pieds ».
De ces points de ralliement, les hommes sont pris en charge par des camions mis à disposition par une population tout à la cause de la résistance, et dirigés vers Grandrupt où rapidement le maquis s'organise.
Les Allemands étant en retraite, on ne prend aucune précaution et la maquis prend l'aspect d'un camp militaire en rase campagne « on aurait pu se croire à la foire de Poussay avant la guerre, aucune prudence ».
Il semble que ce maquis ou tout au moins certaines centaines disposent d'un armement conséquent à la suite d'un récent parachutage (*) ; la veille, le 6 septembre, avait eu lieu le parachutage d'un groupe du S.A.S. avec du matériel comprenant 2 (ou 3 ?) Jeep.
Le 3 septembre 1944, le maquis reçoit l'ordre de se déplacer en forêt du Morillon, située au nord de la Haute-Saône entre Hennezel et Pont-du-Bois; il y reste quatre jours jusqu'au 6 septembre 1944.
Le 5 septembre avait vu les premières arrestations du maquis de Grandrupt ; en effet, la Gestapo de Lyon s'était repliée sur Gérardmer et s'intéressait depuis quelque temps à ce maquis, probablement à la suite de dénonciations.
Ce sont deux officiers de liaison qui seront donc arrêtés en premier, Noirtin et Rozot.
Noirtin sera fusillé et son corps sera retrouvé en septembre 1945 près de la Roche du Diable où une stèle a été érigée en bordure de route.
Selon certains témoignages, l'attitude de Rozot est ambigüe : on le verra en effet en grande discussion avec les allemands lors de la reddition du maquis, et également en cours de captivité. Pour d'autres, au contraire, il aurait évité une attaque dévastatrice des forces allemandes obtenant la reddition du maquis et la promesse de traiter les maquisards en prisonniers de guerre, promesse qui ne sera pas tenue.
À la suite de ces arrestations, le maquis retourne à Grandrupt et certains diront : « On retourne dans la souricière. »
En effet, le maquis sera attaqué par les forces allemandes le 7 septembre 1944 au matin.
La défense s'organise, mais elle sera de courte durée.
Rapidement, les autorités allemandes posent un ultimatum : ou le maquis se rend, ou les habitants de Grandrupt et de Vioménil seront fusillés et les maisons rasées. Promesse est faite aux maquisards de les traiter en prisonniers de guerre.
Pour les maquisards dont beaucoup sont originaires de ces villages, le choix est fait, ils se rendent.
Il y aura 214 maquisards arrêtés à Grandrupt (216 pour certains11, et 213 pour d'autres), qui ne seront malheureusement pas traités comme des prisonniers de guerre et seront pour la plupart transférés à Dachau.
(*) : ce parachutage aurait-il pu prendre la forme de ceux concernant d'autres maquis, notamment en Côte-d'Or, décrits dans
http://philippe.chapill.pagesperso-orange.fr/index.htm
?
► L'honneur d'un homme
http://www.resistance-deportation.org/IMG/pdf/Rozot_Grivesnes_MD-2.pdf
* Reddition du Maquis de Grandrupt. L'honneur d'un homme
Grivesnes - Deschaseaux... La vérité
Racontée par Marcel Dolmaire, acteur et témoin, déporté sous le nom de Dejean à Dachau et Auschwitz, avant de reprendre, en profitant de la pagaïe ambiante, son vrai nom à Flossenbürg.
Extraits de son récit « Avoir 20 ans dans les camps nazis » :
...
...
« Ce n'est que plus tard que j'ai appris pourquoi n'avait pas été respectée la règle qui veut qu'un maquis se disperse dans les 48 heures de la capture d'un responsable auquel il est demandé de tenir à la torture pendant ce temps : les SAS(*) ont demandé qu'on les aide pour un parachutage demandé par eux, et notre dispersion a été de ce fait retardée de 24 heures, 24 heures de trop qui ont permis à l'armée allemande de nous encercler.
Le major SAS (major Farran) aurait, toute sa vie, considéré être responsable de ce qui a suivi. Responsabilité qu'il disait avoir portée comme une croix... »
(*) Dans le cadre de l’Opération "Hardy", en prélude à "Loyton", 57 SAS britanniques commandés par le major Farran les avaient rejoints dans les bois de Grandrupt. Un parachutage de matériel et d’armement au bénéfice du maquis est réalisé dans la nuit du 6 au 7 septembre 1944. (note du rédacteur)
« Ce n'est que plus tard encore que j'ai appris, par les confidences indignées d'un de ses membres peu consentant, qu'un "jury" d'hommes de notre Maquis formé après notre retour des camps avait décidé de mettre le désastre sur le compte d'une trahison de Grivesnes et voulait le condamner à mort... Vérité qui avait fini par être trop lourde à porter seul ? »
« Grivesnes sera considéré par certains comme nous ayant trahi, ce que je ne crois pas. A son retour de déportation, sa femme le quittera, il perdra son poste d’instituteur, sera menacé de mort. Il s’engagera dans la Légion comme 2ème classe pour la guerre d’Indochine. Robert Rozot, c'est son vrai nom, est mort il y a quelques années, exilé, capitaine en retraite de la Légion. »
Marcel Dolmaire
Une histoire faussée, parce qu’on n’a pas cherché à la comprendre. Parce qu'il était bien plus facile, après, de reléguer au second plan les circonstances exactes jusqu'à les faire oublier... et de faire ainsi oublier les défaillances d'un système et des hommes qui l'ont dirigé : celles des vrais responsables.
Ceci a permis de créer une légende... mais n'a pas fait revenir les morts. Ceci a sali un homme, une famille... Et sans doute a tourmenté jusqu'au bout ceux qui avaient une conscience.
* « il faisait bon penser qu’on allait se battre avec eux »
Il y a tout lieu de croire que Rozot, de Valfroicourt, cité - en exemple - par Albert Fäh
http://www.vosges-archives.com/fichiers/privees/inv_187J.pdf
dans
http://www.cunin.fr/UserFiles/File/sa-cunin-un-metier-une-passion-des-hommes-roger-wadier.pdf
est le même capitaine Rozot, officier de liaison à Grandrupt.
« Mais revenons à l’année 1944. Pour les Allemands, le vent a tourné. L’entrée en guerre de l’Amérique a pesé lourd dans le déroulement des opérations militaires. Pour les Français volontaires, l’heure est à l’action armée. Ici et là des maquis se forment, la Résistance
s’organise. Objectifs : harceler l’ennemi, couper ses itinéraires de retraite, détruire ses armements. Roger CUNIN a attendu avec impatience ce moment-là. Il va enfin pouvoir se lancer dans l’action et créer ce maquis auquel il pense depuis longtemps. Début mars il prend ses premiers contacts et recrute des hommes parmi ses connaissances. Son métier le sert. Il connaît beaucoup de monde, évidemment à Remoncourt mais aussi dans les villages des alentours. Il sait juger les hommes et ceux qu’il sollicite refusent rarement. C’est ainsi qu’Albert Fäh fera partie du tout premier contingent de ce maquis avant de le quitter pour rejoindre celui de Grandrupt, plus proche de son village. Dans son livre “L’Impératrice a des cors aux pieds”, il écrit ceci, faisant allusion à ceux qui ont critiqué la Résistance : “La Résistance ? il fallait la faire. Lorsqu’on est traqué par la police, ou l’ennemi, ou la milice on devient facilement hors-la-loi, mais lorsque rien ne vous y oblige il y a un tout petit pas à franchir, l’important c’est de le franchir. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui encore, lorsque j’évoque mes chefs successifs, CUNIN de Remoncourt, Noirtin de Esley, Rozot de Valfroicourt, Virtel de Dompaire, Mathieu de Esley également, tous anciens officiers ou sous-officiers d’active, ces hommes qui avaient fait la Belgique, la Somme, Dunkerque, ces hommes qui avaient obtenu qui la Croix de Guerre, qui une citation, ces hommes étaient des braves, et il faisait bon penser qu’on allait se battre avec eux ».
("S.A. CUNIN : Un métier Une passion Des hommes" par Roger Wadier 2006)
► Le capitaine Arnould, le successeur "éphémère" de Rozot :
http://museedelaresistanceenligne.org/media2896-Charles-Arnould#fiche-tab
► Le Maquis de Grandrupt et l'abbé Mathis
http://www.hennezel.net/voyages/mathis.htm
►La salle de l'épopée de la Résistance
http://www.monthureux.fr/resistance.htm
► Une autre figure du Maquis de Grandrupt
http://www.unadif.fr/88-vosges/jean-louis-fastrez
(lien "mort" apparemment 10-06-2020)
jeannot88

L'auteur jeannot88 est l'auteur de ce message sur Les Voivres (Vosges) publié le lundi 03 août 2015 à 09h07.

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